Philippe PEROTTI a bâti son expertise dans le domaine de l'instruction du tir sur la base de ses fonctions d'équipier en techniques d'action spécialisées, de tireur d'élite, de moniteur commando et d'auxiliaire sanitaire/médic.
De retour dans la vie civile après une carrière opérationnelle dans les forces spéciales françaises, Philippe PEROTTI a continué à conceptualiser, instruire et entraîner des groupes spécialisés d'armées européennes. En vingt ans, il a publié 15 ouvrages et développer une centaine de concepts. Ces derniers ont souvent servis de base à l'élaboration des méthodes de tir d'un grand nombre d'administrations.
Parmi eux, le concept "Etre Sûr, Habile et Adroit" a notamment contribué au développement de la MTC (Méthode de Tir de Combat) et à l'ISTC (Instruction Sur le Tir de Combat). ces deux méthodes sont toujours en vigueur dans l'armée française. Éprouvé à la réalité des exigences professionnelles, ce concept a fait ses preuves et est parfaitement transposable à la pratique du tir sportif et/ou récréatif.
Postface du livre Le Référentiel du tir professionnel
« De quoi s’agit-il ? ». Cette expression que l’on prête au maréchal Foch, lorsqu’il était confronté à un nouveau sujet, s’applique parfaitement à l’esprit de ce nouvel ouvrage de Philippe Perotti. Non pas que l’auteur découvre le sujet du tir, mais qu’il a su mettre en perspective sa très grande expérience et lui donner du sens. La pratique du tir, acte technique a priori neutre, peut en effet prendre des formes très différentes selon que le but est le sport, la chasse, la défense personnelle, le maintien de l’ordre ou l’engagement au combat des militaires. Même si les fondamentaux demeurent, l’approche mentale est donc nécessairement différente selon les finalités.
La force du concept de la méthode de tir de combat que Philippe Perotti partage dans cet ouvrage est d’être parti des attendus d’un soldat déployé sur le terrain, ou d’un agent placé en situation d’utiliser son arme. Dès lors, le tir - ou le non tir - s’inscrit dans le déroulement logique d’une situation tactique. Pour un soldat, un continuum naturel s’établit entre phase de combat et phase de tir. Aujourd’hui, cette approche est une évidence pour les équipiers des unités des forces spéciales qui pratiquent cette méthode, mais c’était loin d’être le cas il y a une vingtaine d’années. Il aura fallu l’intelligence et la clairvoyance d’un homme pour arriver à formaliser cette démarche. En effet, à force de travail et de réflexion, il a su mettre en perspective son expérience opérationnelle et sa riche pratique du tir pour créer ce lien intime entre le tir – jusque-là purement technique - et l’engagement tactique au combat, lequel peut inclure des séquences de corps à corps avec son arme. Le concept est particulièrement robuste, car il affirme la finalité opérationnelle comme point de départ, et l’individu comme acteur central. Ces deux paramètres - la finalité et l’Homme - interpellent inévitablement des militaires, car ils les ramènent aux fondamentaux de leur métier, lorsqu’ils sont plongés au cœur d’un conflit. La mission y est considérée comme sacrée et tout en découle. Elle est d’abord analysée, tout comme les conditions et l’environnement de son exécution, pour en arriver à des ordres clairs et précis qui ne s’encombrent pas de circonvolutions, car ils ne doivent pas pouvoir être interprétés. L’Homme est le second élément qui conditionne la conduite des opérations militaires, car la conflictualité est viscéralement humaine. Tout part des divergences entre groupes humains, et l’issue dépend souvent de la détermination des uns et des autres. Ainsi, la finalité et l’individu, qui sont au cœur de l’approche qui nous est présentée, reflètent bien l’esprit d’efficacité dont doivent faire preuve des soldats engagés au combat.
C’est donc assez naturellement que la méthode de tir de combat (MTC) a rapidement pris le pas sur les diverses techniques en vogue dans les années 90, pour arriver à une unification de l’approche pédagogique au sein des SAS du 1er RPIMa. La MTC - comme l’instruction sur le tir de combat (ISTC) qui en a été dérivée au sein des armées françaises - a profondément transformé l’instruction, mais aussi et surtout la culture du tir au sein des unités. La mécanisation des mesures de sécurité et du règlement des incidents a permis au combattant de gagner en assurance dans le maniement d’une arme qu’il est amené à porter en permanence lors des opérations ; qu’elles se déroulent dans des zones de guerre ou sur le sol national. L’inscription du tir dans un continuum de gestion de situation de crise, qui débute par une analyse de la menace pour y apporter la meilleure riposte (non tir, technique d’intervention opérationnelle, tir de neutralisation…), a renforcé l’aptitude de discrimination en en faisant un acte réflexe. Les nombreux exemples de séquences de riposte des patrouilles de l’opération Sentinelle témoignent de la profonde transformation culturelle opérée en quelques années au sein des armées françaises. Systématiquement, les militaires présents sur les lieux des attaques ont adapté la riposte au niveau de la dangerosité de la menace, ne délivrant qu’en dernier ressort un tir précis et au juste besoin pour la faire cesser.
L’assurance acquise par les soldats dans l’emploi de leurs armes a eu pour effet de renforcer d’autant leur confiance en soi lors des engagements ; démultipliant d’autant leur efficacité opérationnelle. En effet, ce facteur de supériorité psychologique ne peut qu’apporter une redoutable efficacité lors des combats à courte distance. La vitesse et la précision des tirs acquises grâce à la MTC facilitent le surclassement quasi-systématiquement des adversaires. Cela entretient inévitablement le cercle vertueux de la confiance en soi ; même si l’humilité et la remise en question permanente doivent demeurer des vertus cardinales.
La grande force de Philippe Perotti a bien été d’aller au-delà de la simple approche technique. Comme le démontre cet ouvrage, dans lequel il partage sa riche expérience et sa démarche. Il a su puiser dans son expérience opérationnelle pour inscrire le tir dans la suite logique d’une réaction face à l’apparition d’une menace. Cela donne toute sa robustesse à une méthode qui peut être traduite dans des contextes autres que militaires. L’intimité qu’il a su mettre en place entre combat et tir a ouvert la voie à un renforcement de l’efficacité opérationnelle des armées françaises ; allant bien au-delà du seul concept ou d’une méthode qui, plus de vingt ans plus tard, demeure incontournable.
Général Bruno BARATZ
Commandant les forces spéciales Terre
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